Tuesday, June 2, 2009

Critique: Il Divo


Il Divo ou la Vie extraordinaire de Giulio Andreotti, ce ministre italien élu sept fois, a d'abord été présenté au Festival de Cannes en 2008, où il a remporté le prix du jury.

À Montréal, sa première représentation a eu lieu au Festival du Nouveau Cinéma l'automne dernier. Mes collègues Nicolas Krief, Valérie Ouellet et Guillaume Côté étaient à mes côtés lors de cette projection de fin de soirée au cinéma Impérial. Et tous avions eu la même réaction, un mélange entre fascination et incompréhension. Fascination pour la mise en scène, l'interprétation de Toni Servillo et la trame sonore. Incompréhension pour les dialogues entre les nombreux personnages, les liens qui existent entre eux et le contexte politique italien en général.

Revu à tête reposé (et non après trois autres projections en festival), Il Divo m'est paru encore meilleur. Certes, une certaine incompréhension demeure. C'est un film italien, fait par un italien (Paolo Sorrentino) et pour un public qui a déjà connaissance de l'homme politique qu'est Giulio Andreotti sur la place publique. Néanmoins, il ne faut pas s'attarder à ce manque de contexte culturel pour apprécier le film. Il Divo est moins un film sur la corruption en Italie qu'un portrait du personnage en soi, compte tenu sa grande importance dans la vie politique italienne.

Sorrentino choisit donc une période clé dans la vie politique d'Andreotti pour dépeindre son caractère: le début des années 90, où il entame son 7è mandat sur près de 40 ans de vie politique. Son entourage près l'idolâtre comme s'il était un saint, mais les journalistes découvrent les scandales de corruption et la mafia se fait dangereusement menaçante. Andreotti demeurede de glace devant ces événements. Il faut faire du mal pour arriver au bien, voilà sa façon de pensée. Insomniaque, impénétrable, froid et distant, ces qualificatifs décrivent l'impression que nous laisse le personnage, brillamment interprété par Toni Servillo. Sa posture recroquevillé et ses tics nerveux ajoutent à son mystère. Mais qui est donc Giulio Andreotti? Même ses proches le trouvent difficile à cerner. Malgré son apparence insensible, on lui trouve un fond d'humanité. L'homme est sincère, loyal envers ses électeurs avec qui il passe tous ses dimanches. Et drôle par dessus le marché, mais son humour est cynique et le spectateur rit jaune.

Pour nous garder hors de l'ennui et de la lourdeur que l'on retrouve habituellement dans ce genre de film biographique, Paolo Sorrentino déploie de la bonne musique rock pour rythmer les scènes, décroche de grands titres rouges pour nous présenter les personnages et fait de longs travellings avec sa caméra pour suivre il Divo (en français, le Seigneur) dans ses soirées mondaines. Bref, un film à la mise en scène grandiose, pour un personnage qui l'est tout autant.

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