Réalisatrice :Ayelet Menahemi
Pays : Israël
Année : 2007
Statut : Coureur de festivals.
Intéressé par : Vous !
Lauréat du grand prix du jury au Festival des films du monde de Montréal édition 2007, Noodle était de retour chez nous à l'occasion du troisième festival du film israélien de Montréal, qui se tient du 1er au 5 juin au cinéma du Parc.
Miri, fin trentaine, est hôtesse de l'air et son double veuvage (ses maris étant pilote et soldat) l'ont laissée seule et désabusée face à l'amour. Sa soeur, Gila, crèche chez elle le temps d'organiser son divorce d'Izzy (son ex-mari et possiblement beau-frère !), qui habite l'appartement d'à côté avec leur fille et le chien Bambi.
Un soir où Miri rentre chez elle à Tel Aviv, sa femme de ménage chinoise doit s'absenter une heure de toute urgence et lui confie son fils de 6 ans. Miri n'y voit aucun problème. Or, la femme ne revient jamais : illégale, la police de l'immigration l'a pincée puis déportée...à Pékin.
Miri se retrouve donc avec le gamin sur les bras, qui n'a aucun papier d'Israël ou de Chine puisqu'il est né en Israël...de plus, il ne parle aucun mot d'hébreu ou d'anglais! (Inutile de dire que les connaissances de Miri en mandarin son limitées.)
Elle est décidée à le rendre à sa mère.
Miri s'embarque alors dans une quête rocambolesque, entraînant avec elle Gila, Izzy, leurs problèmes de couple, le chien Bambi, l'ex-amant de Gila qui s'avère parler mandarin : Matti, et leurs amis.
En parallèle, la relation d'apprivoisement aussi touchante que comique entre Miri qui n'a jamais pu avoir d'enfant et le gamin rapidement surnommé Noodle.
Malgré la gravité de la situation et les démons de tous les personnages qui surgissent à un moment ou un autre, le film est drôle comme c'est pas possible, avec des répliques parfois fines parfois cinglantes, mais toujours bien placées. Ma palme va au personnage de Gila, l'incarnation d'un cynisme délicieux.
Un scénario habile et tricoté serré puisque chaque scène apparemment anodine, chaque petit élément a son importance et son rôle à jouer dans le dénouement de l'histoire. Et la fin, tout à fait surprenante, est à se crisper sur son siège tant la tension est forte !
À l'instar de l'excellent Voyage de James à Jérusalem, de Ra'anan Alexandrowicz (également projeté au festival), Noodle met en lumière un phénomène préoccupant en Israël : l'immigration illégale et les tragédies que peuvent vivre ces immigrants forcés de rester muets.
Cependant, et quoi qu'on puisse dire des relations explosives du pays avec ses voisins, le cinéma d'Israël a cette particularité toute "moyenne-orientale" ou "méditerranéenne" de traiter de sujets graves et sérieux avec le rire, l'arme ultime contre tout ce qui peut vous frapper.
À mon humble avis, nous sommes beaucoup plus touchés ainsi qu'avec une dramatisation outrancière et l'ensemble de cordes qui joue dans le tapis du tout début du film à la toute fin.
Un film, donc, ayant la profondeur et la fraîcheur d'Halfaouine et de Un été à La Goulette du Tunisien Ferid Boughedir, de La trilogie d'Alexandrie et du Destin de l'Égyptien Youssef Chahine, ou encore de Caramel de la Libanaise Nadine Labaki.
Des films comme ça, c'est comme les nouilles. On en redemande encore et encore.
Bande annonce et extraits sur http://www.noodle-film.com
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